Cartons d'souvenirs

Il arrive un moment où il est obligation de ranger ses affaires. De trier ses souvenirs, et d'en faire des paquets bien ficelés ou des cartons blancs laqués.

Alors on s'y attèle, on respire un bon coup. On fait semblant d'être totalement dé-ta-ché. Même pas ça m'atteint. Trop facile. Mais le sentimentalisme nous rattrape comme la vague qui submerge le paysage du Mont Saint-Michel. Cela en devient limite risible, culcul la praline de s'attacher à des écritures sur morceaux de papier; à des objets qu'on aurait mieux fait de jeter à la poubelle, voilà des années; à des bricoles bon marché. Mais la faiblesse force de ces objets n'est pas tant le contenant physique que le contenu symbolique. On y revoit des souvenirs, ressent des sensations, redessine des visages. Alors, on sourit, on rigole du peu. On s'énerve. C'est quand même pas si difficile; il suffit de prendre et de jeter dans le sac poubelle ou  de déposer dans le tas àgardersouvenirdmoncoeur. Et puis on se demande si finalement, on va vraiment réussir à faire du tri, à se séparer des bibelots, breloques et autres babioles. On sait pertinemment qu'on ne les utilisera jamais plus, que non, les souvenirs rattachés ne s'effaceront pas de la mémoire. Mais, c'est comme ça: on est humain, et putain c'est si difficile.

Et puis aussi, en prenant les objets, on déplace la mélancolie, et ce type de poussière pique les yeux...

Présentement, la bouteille de mes 18 ans,
sans l'allusion à la majorité,
mais avec tout le reste.